Ce que je ne vous apprendrai pas…

Quand j’ai commencé à donner des cours d’éducation, c’était en tant que bénévole dans un club canin. Les choses étaient relativement simples, les binomes maitre-chien étaient répartis par groupe de niveau, chaque niveau ayant sa liste d’exercices à maîtriser pour passer au niveau suivant. En tant que moniteur, je devais enseigner la méthode pour réussir l’exercice et évaluer si le binôme était apte à rejoindre le niveau suivant. Ce fonctionnement convenait aux adhérents, mais ils étaient quand même nombreux en fin de séance à venir nous exposer des problématiques spécifiques, rencontrées à la maison, au cours de balades ou dans un environnement particulier. Tout ceci n’était pas reproductible en club.

Quand je me suis installée en tant que professionnelle, pouvant travailler en cours particulier, il était évident pour moi que je n’allais pas proposer des cours formatés, avec une liste d’exercices. Je voulais aider les propriétaires à développer une relation harmonieuse avec leur chien, leur permettant ainsi d’avoir une cohabitation agréable, tout en respectant l’intégrité physique et morale des deux parties du binôme. J’ai appris à « faire parler » les maîtres au delà du simple « je veux dresser mon chien, je veux qu’il m’obéisse » pour qu’il exprime ses réelles attentes quand au comportement de son canin. Travailler en cours particulier me permet par ailleurs de varier les environnements de travail (chez le maître, sur mon terrain, dans les champs, en forêt, en ville) et donc de couvrir pas mal de situations à problèmes ou pouvant le devenir.

Ici, malgré des bases communes (rappel, marche en laisse), chaque chien a un programme personnalisé.

C’est beau n’est ce pas ?  Toutefois, je me suis aperçue avec le recul sur mon activité, qu’en plus des outils ou méthodes que je me refuse à utiliser, il y a aussi des choses que je me refuse à enseigner, malgré des demandes récurrentes.
Voici donc ce que je ne vous enseignerai pas, malgré toute l’insistance que vous pourrez y mettre :

1. Je veux laisser mon portail ouvert et que mon chien reste à la maison !
ça, c’est un grand classique de la vie à la campagne. Je sais que ça se pratique beaucoup. Je comprends en quoi c’est pratique… Rentrer et sortir sans s’embêter à descendre de la voiture pour fermer le portail. Il est facile d’apprendre à un chien de respecter une limite, d’autant plus si elle est matérialisée physiquement, ce qui est bien souvent le cas avec la rupture au sol entre notre cour/jardin et la route. Il est aussi facile d’apprendre à un chien à ne pas bouger. Mais qu’est ce qui garantit malgré tous ces apprentissages que votre chien ne sera pas poussé par une motivation supérieure pour sortir ? Cette motivation peut être liée à la prédation (chat/poule/chien/jogger/moto/voiture pour certains), elle peut aussi être sociale (son meilleur pote humain ou canin est passé devant la maison), elle peut être exploratoire ou liée aux hormones sexuelles… Quasiment tous les chiens dont on m’a assuré « Lui, je peux le laisser avec le portail ouvert, il sort pas », je les ai croisé sur la route à un moment ou un autre. Un chien sur la route, ça veut dire quoi  ? Qu’il peut être accidenté (ai je vraiment besoin de vous faire un dessin ?) ou provoquer un accident (dont vous serez responsable). Le jeu en vaut il réellement la chandelle ? Pour moi, c’est un NON définitif. Du coup, je ne travaillerai jamais cet exercice et si vous y tenez vraiment, je suis certaine que vous trouverez quelqu’un pour vous le faire travailler.

2. Je veux que mon chien me suive partout, sans laisse
Il faut bien l’admettre, ça brille en société un chien qui nous suit partout, même en ville, sans avoir besoin d’être attaché : Le top du top du chien éduqué. Les passants nous envient, regardent Kiki en lui disant « t’as vu lui comme il écoute bien ! Pas comme toi. »
Je ne m’en cache pas, il y a quelques années en arrière, deux de mes chiens sortaient sans laisse en ville. Pas à des heures de grande affluence certes, mais avec le recul, je me rends compte que je leur ai fait prendre des risques inconsidérés, car qui dit rue/route/boulevard dit circulation d’engins motorisés pouvant percuter mes chiens, surtout s’ils décident subitement de ne pas m’écouter, mais aussi de personnes, de vélos ou d’autres chiens que les miens auraient pu effrayer, faire tomber etc… A l’époque déjà, je devais me dire qu’il y avait un truc de pas très net dans ma démarche, vu que je me justifiais d’un « Oh, mais ils marchent très bien au pied ! » (marche au pied = épaule du chien collée à la jambe de son maître) sans me rendre compte que quand j’exigeais une marche au pied de ces deux chiens, ils passaient en mode travail et ne profitaient donc plus du tout de la balade qui est censée leur permettre de combler leur besoin exploratoire.
Aujourd’hui, j’enseigne toujours la marche au pied à mes chiens pour des raisons de compétition/praticité (genre j’ai perdu une laisse pendant la balade en forêt et j’ai 1 km de marche a faire sur route pour rentrer à la maison)/confort des autres (je dois en emmener un en ville, les trottoirs sont étroits, y a du monde) mais quand je la demande, je suis consciente que ce n’est plus de la balade pour eux.
En cette période de confinement, nous allons beaucoup moins en forêt. Du coup, nous faisons des boucles sur les petites routes de la maison et malgré le peu de circulation, ils sont attachés. Certes les malinois ont un dérouleur, ce qui leur permet un peu de se défouler, mais cela fait office de cordon ombilical et permet de les protéger ou protéger les autres à l’approche d’une situation à risque.

Pour rester dans la thématique actuelle, protégez vous, protégez vos chiens : Fermer un portail ou mettre une laisse ne dit pas que votre chien n’est pas obéissant, cela dit juste que vous êtes soucieux de sa sécurité et de celle des autres !

 

 

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