Agility, motivation, excitation et bien-être émotionnel… Part II

Après cette remarque quasi anodine pour tout le monde, sauf pour moi, j’ai donc commencé à réfléchir sur le concept « Ma chienne, quand elle est excitée comme ça, ne va peut être pas très bien… »

C’était une grande première pour moi. Je n’avais jamais abordé la question sous cet angle là. Je n’avais vu que le coté « Elle m’agace donc je la met en obéissance pour avoir la paix ». Mais effectivement, en y repensant, j’ai une chienne hyper à l’écoute dans la vie quotidienne, je n’ai aucun mal a ce qu’elle exécute mes demandes sans avoir a hausser le ton. Elle aime travailler, apprendre et faire des choses avec moi.
En poussant la réflexion plus loin, je me rends compte que même lors des entraînements d’agi (qui ont changé de forme), elle est à l’écoute et fait des trucs géniaux. Pendant un temps, je pense que c’est la présence des autres chiens, mais ça ne tient pas la route. Ce n’est pas la chienne la plus sociable de la terre, elle n’est pas fan de ses congénères à quelques exceptions près, mais elle supporte très bien leur présence tant qu’ils ne viennent pas vers elle.

Je commence donc à pas mal bouquiner, à mieux regarder les autres chiens lors des concours. Je me rend compte que certains chiens sont très calmes sur le bord des terrains sans intervention particulière de leur bipède et qu’ils font des trucs géniaux sur les parcours. L’attitude du chien en file d’attente et sas n’est donc pas forcément un indicateur de sa motivation pour l’agility. Je comprends aussi ce qu’il se passe avec ma foldingote : Quand je la met en obéissance stricte dans la file et le sas, j’ai un véritable effet cocotte minute. Elle libère toute la pression accumulée sur le parcours, ce qui explique les barres au départ, le bouffage de pied etc.

Ma première étape sera donc de supprimer la mise en obéissance de la chienne avant le départ. Ce n’est franchement pas brillant, car elle me rend folle à aboyer, sauter, tirer… Sur les parcours, je vois toutefois un léger mieux quand je ne suis pas en retard sur elle et si je ne me suis pas laissée gagner par l’agacement face à son attitude dans la file et le sas. Car j’ai remarqué depuis un moment que si Faith m’énerve par son énervement, elle s’énerve encore plus et devient donc encore plus insupportable. C’est l’escalade ! Et je ne résouds pas le problème de fond, à savoir « Va t’elle bien ? ».

Je continue aussi à lire, à suivre des formations et au travers d’un cours en ligne et de deux stages (absolument pas axés sur l’agility), ma sphère de compréhension s’élargit un peu plus. J’ai une chienne « intense » et pendant ses premiers mois, sans le savoir, je l’ai exposé à des situations très excitantes. Ce qu’on me présentait comme de la motivation n’était que de l’excitation et plutôt que de chercher à l’atténuer, je n’ai fait que la renforcer, encore et encore, au fil des années et des concours.  Le fait de la mettre en obéissance a aussi bien contribuer à la maintenir dans cet état, en y ajoutant un stress négatif (la peur de se faire engueuler). Tout ça mis bout à bout expliquait la remarque anodine « Elle ne sent pas bien ». Il était question ici du bien être émotionnel de ma chienne.

Et c’est la que les choses se corsent, car au fil des années, les émotions et donc les comportements associés s’étaient ancrés profondément en elle. Le fait de ne plus la mettre en obéissance ne changeait au final pas grand chose. Il fallait carrément changer ses émotions pas tant face à la discipline que face à l’ambiance concours. Le travail a été long pour arriver à une chienne apte à rester naturellement calme en environnement concours. J’ai beaucoup travaillé au clicker pour modifier ses émotions face à cet environnement et en faire un lieu de concentration et de partage avec moi. Faith restant une chienne intense, j’ai aussi commencé à faire attention qu’elle puisse décharger facilement son trop plein d’émotion dès qu’elle en avait besoin. De mon coté, j’ai travaillé sur mon émotionnel vis à vis d’elle. Cela n’a pas été compliqué, je comprenais enfin ce qu’il se passait. Et forte de ces apprentissages, je pense que nous avons fait nos trois plus belles années d’agility ensemble, sans prise de tête, sans cris, avec une chienne qui était contente de courir avec moi ! Je ne me suis jamais autant éclatée en agility qu’au cours de cette période !

Voila comment une remarque « anodine » a complètement changé mon approche du chien (de sport ou pas) et m’a surtout poussée à m’intéresser à son équilibre émotionnel.
Un chien qui passe une journée complète à hurler comme un fou quand il entend de l’agility, qui menace de bouffer tout ce qui passe alors qu’il est d’un naturel avenant, ce n’est pas pour moi un chien motivé, mais un chien en état de surexcitation, donc un chien qui d’un point de vue émotionnel ne va pas très bien.

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